Sa Béatitude, Monseigneur Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem, partage son point de vue sur la situation en Israël et dans les Territoires palestiniens, ainsi que dans le Monde Arabe.
Les factions palestiniennes du Fatah — en Cisjordanie — et du Hamas — à Gaza — ont scellé, mardi 4 mai, au Caire leur réconciliation. Qu’en pensez-vous ?
C’est une bonne chose. Cette entente Fatah-Hamas met fin à quatre années de division aux conséquences néfastes. La division empêchait la bonne tenue de pourparlers de paix avec Israël. Comment Israël pouvait parler avec les Palestiniens, si déjà ils n’étaient pas d’accord entre-eux. Je fais le vœu que le Hamas adoptera la position modérée du Fatah pour le bien commun et celui d’Israël. C’est un commencement d’unité ; bien sûr il pourra y avoir des difficultés dans les détails au quotidien.
Par ailleurs, j’ai rencontré avec une délégation palestinienne mercredi dernier le roi de Jordanie qui a salué l’accord et affirmé qu’il soutiendrait les Palestiniens. Pour l’heure, le royaume hachémite connaît dans le monde arabe une relative stabilité.
Cela facilitera-t-il la création d’un Etat Palestinien ?
Mahmoud Abbas qui dirige le mouvement du Fatah, et le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal espèrent créer un Etat Palestinien en étant plus unis et plus forts. Des avancées diplomatiques portent de fait sur le projet de reconnaissance de l’Etat de Palestine, par la prochaine assemblée générale de l’ONU, en septembre prochain.
Il ne va pas sans dire que le contexte actuel arabe (notamment en Egypte) et la fragilisation de la Syrie ont été des stimulants pour faire ce geste d’unité.
Depuis un an voire deux ans, le premier ministre de l’Autorité palestinienne, Salam Fayyad, prépare avec discrétion les infrastructures palestiniennes pour le jour J. Lors de l’assemblée générale des Nations Unies, on ne pourra pas parler de situation unilatérale. Il s’agit des Nations unies, la même assise qui a reconnu il y a un peu plus de 60 ans, la création d’Israël. J’espère que la communauté internationale reconnaîtra l’Etat palestinien.
Je rappelle à ce propos que le Saint Père le pape Benoît XVI a apporté lors de son séjour en Terre Sainte, il y a deux ans son soutien à la création d’un Etat palestinien. De fait, les chrétiens de Terre Sainte sont partie intégrante de la population locale. Et ils s’associent à cette joie.
Que vous évoque la mort de Ben Laden ?
Il ne faut pas crier victoire. D’une part, parce que nous ne pouvons pas nous réjouir de la mort d’un homme. D’autre part, car Al-Qaïda est un très large réseau nébuleux et c’est aussi une culture. A ce titre, le Synode pour le Moyen-Orient s’est achevé sur un appel à la communion et à la paix dans son Message au peuple de Dieu. « Nous condamnons la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent et tout extrémisme religieux. » Cela aurait toutefois été plus sage d’arrêter Ben Laden et de le juger ensuite. Ceci dit, dans la déstabilisation du Monde arabe, ce genre d’événement est prévisible. Il y a beaucoup d’effets d’annonce. J’insiste sur le fait qu’il faut travailler sur les manières de créer les conditions politiques, économiques et sociales durables pour la paix.
Propos recueillis par Christophe Lafontaine
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